Au 19ème siècle, les cabarets qui ouvrent leurs portes à Paris ont une exécrable réputation et sont accusés de favoriser l’ivrognerie et la prostitution. Ces endroits mal famés, souvent de simples pièces d’un logis, sont alors fréquentés par les classes les plus défavorisées de la société.
A cette époque, il y a trois catégories de cabarets, « à pot et à pinte » qui ne servent que des boissons, à « pot et assiette » où l’on peut boire et manger et enfin les auberges où l’on peut également dormir.
Seuls les Maîtres et Gardes de L’Hôtel-de-Ville et le Procureur donnent l’autorisation de devenir cabaretier parisien. Les forces de l’ordre veillent à faire respecter les règles comme l’interdiction de servir à boire pendant les offices des dimanches et jours de fêtes ou à ouvrir les établissements notamment à Pâques et à la Toussaint.
Petit à petit les revues s’améliorent et se diversifient et des bourgeois rejoignent les ouvriers dans les cafés-concerts dont les plus célèbres sont le Chat Noir et les Folies-Bergère.
A l’aube du 20ème siècle, les tarifs augmentent chassant les ouvriers qui cèdent la place aux nantis.
Si la plupart des cabarets qui ont fait le bonheur des Parisiens ont aujourd’hui disparus ou ont été transformés en salles de spectacle, d’autres se sont adaptés et ont résisté au temps. Ils ont été rejoints par de nouveaux établissements qui participent dorénavant à la réputation des soirées et des nuits de la capitale.
Le Moulin Rouge
Créé en 1889, durant la Belle Époque, le Moulin Rouge rappelle que la butte Montmartre était autrefois plantée de moulins à vent. Ses fondateurs souhaitent attirer une clientèle aisée qui aime s’encanailler dans des quartiers populaires. Le Moulin Rouge a dès le début une clientèle d’une grande mixité sociale et artistes, bourgeois, ouvriers se côtoient dans une ambiance festive.
Même les femmes apprécient de venir assister à ces soirées souvent extravagantes, aux spectacles de French Cancan rappelant l’opérette de Jacques Offenbach et aux danses de Jane Avril ou de la Goulue. On y rencontre aussi bien Toulouse-Lautrec que le prince de Galles.
Le Moulin Rouge est ouvert tous les jours de l’année.
Le Lido
Le Lido est inauguré en 1946, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à la place d’un ancien établissement de divertissements et d’une piscine pour une clientèle huppée.
Les fondateurs transforment l’immeuble et proposent une formule dîner-spectacle qui séduit les Parisiens. Deux ans plus tard, Margaret Kelly et les Bluebell Girls rejoignent le cabaret. Cette troupe de danseuses mondialement connue se produit toujours au Lido.
De nombreux artistes se sont également produits sur la scène du Lido comme Édith Piaf, Joséphine Baker, Elton John ou Marlene Dietrich.
Le Lido est ouvert tous les jours de l’année.
Le Crazy Horse
Le Crazy Horse Saloon est créé en 1951, dans le Triangle d’Or. Deux ans plus tard, un premier spectacle intègre un numéro de nu partiel et les bénéfices sont reversés à la Fondation Abbé Pierre.
L’originalité des spectacles font la renommée du cabaret qui n’hésite pas à faire des parodies touchant le monde politique et religieux ou des scènes de nu intégral dès 1966.
En 1995, le Crazy Horse ouvre un second cabaret à Las Vegas et, dix ans plus tard, un troisième à Singapour.
Vendu l’année suivante à un entrepreneur belge, le Crazy Horse retrouve son caractère avant-gardiste basé sur la création avec notamment Dita von Teese en « guest star ».
Depuis 2017, le Crazy Horse présente son show « Totally Crazy », une rétrospective des revues et créations proposées au cours des 65 ans d’existence du cabaret.
Le Crazy Horse est ouvert tous les jours de l’année et propose deux spectacles en semaine et trois le samedi.
Le Paradis Latin
Le Paradis Latin est le plus ancien cabaret parisien encore en activité. Il a en effet ouvert ses portes rue Cardinal Lemoine en 1802. Très vite, il devient l’un des principaux lieux des nuits parisiennes et on y retrouve aussi bien Balzac qu’Alexandre Dumas.
Victime d’un incendie durant la guerre de 1870, il ne renaît de ses cendres qu’en 1887 lorsque Gustave Eiffel le reconstruit afin qu’il puisse ouvrir ses portes durant l’exposition universelle de 1889. Profitant de cet événement, le cabaret fait salle comble chaque soir.
Cinq ans plus tard, le Paradis Latin qui n’a pas réussi à adapter ses spectacles à un public de plus en plus exigeant ferme ses portes.
L’immeuble est racheté en 1973 par un promoteur immobilier qui envisage d’y installer des appartements. Lorsqu’il découvre les vestiges de l’ancienne salle de cabaret, il change d’avis et entreprend de redonner vie au Paradis Latin.
Depuis, le cabaret ouvre ses portes tous les soirs et propose sa nouvelle revue L’Oiseau Paradis créée en 2019.
Cabaret Michou
Le cabaret Michou baptisé du nom de son propriétaire a ouvert ses portes rue des Martyrs en 1956. Très vite ce qui n’est à l’origine qu’un bar de nuit devient un endroit plein de fantaisie qui accueille ses invités dans une ambiance chaleureuse et conviviale. Des numéros de transformistes sont ajoutés au spectacle et Michou endosse le rôle de meneur de jeu.
Le caractère quasi confidentiel du cabaret participe à son succès. On y vient en ami presque en membre de la famille.
Parallèlement, Michou devient le roi de la nuit et est définitivement adopté par Montmartre dont il est l’un des symboles.
Michou, de son vrai nom Michel Georges Alfred Catty, est décédé le 26 janvier 2020.
Le cabaret Michou est ouvert tous les soirs de l’année.
Au Lapin Agile
Le Lapin Agile appelé successivement « Au rendez-vous des voleurs », « Cabaret des Assassins » et « Lapin à Gill » est l’un des lieux emblématiques de Montmartre.
Au 19ème siècle, Montmartre est divisé en deux par le mur des Fermiers généraux et si le bas de Montmartre est connu pour être un quartier animé, le haut a plus l’allure d’un village fréquenté par de nombreux artistes qui apprécient le calme de la campagne à deux pas de Paris. Cette vie paisible n’empêche pas l’installation d’auberges fréquentées par des gens modestes qui viennent s’enivrer à moindre coût. En effet, au-delà du mur, le vin n’est pas taxé.
Devenu le « Lapin à Gill », faisant ainsi référence à l’enseigne peinte par le caricaturiste André Gill, l’établissement est racheté en 1866 par une danseuse de french cancan, Adèle Decerf. Elle le transforme en café-concert et attire ainsi la clientèle des cabarets parisiens durant la journée.
Petit à petit, les artistes de Montmartre s’installent dans ce cabaret devenu « Au lapin agile ». En effet, le tenancier, le père Frédé accepte de se faire payer en tableau ou en quelques vers griffonnés sur un bout de papier.
Cette époque bon enfant prend fin avec les guerres mondiales mais le Lapin Agile survit aux conflits. Les artistes sont dorénavant payés pour monter sur scène mais le propriétaire actuel veille à garder l’ambiance bohème et perpétue les traditionnelles veillées qui permettent aux humoristes et chansonniers de tenter leur chance devant un public bienveillant.